VILLA HERMOSA

Shooting - La Villa Hermosa (38).jpg

Villa Hermosa

Graphic designers

 

Lionel MAES et Pierre-Philippe DUCHATELET sont des designers graphiques qui ont développé un univers autour de l’appellation Villa Hermosa. Mais, comme leur base line le souligne clairement : « La villa n’est pas un bureau ». Ils défendent fièrement la multidisciplinarité de leurs projets.

 
Shooting - La Villa Hermosa (11).jpg
Shooting - La Villa Hermosa (29).jpg
Le design graphique est l’addition d’une multitude de métiers, qui changent en fonction des projets dans lesquels on s’investit.
— Pierre-Philippe

Quelle description de votre métier donneriez-vous ?
Pierre-Philippe : On se décrit comme designers graphiques. Ce qui est assez précis et large à la fois. Je dirais que le design graphique est l’addition d’une multitude de métiers qui changent en fonction des projets dans lesquels on s’investit. Plus globalement, on crée des formes ou des objets (papier, numériques ou installations) qui communiquent et transmettent quelque chose à un public.
Lionel : Le graphisme couvre énormément de champs qui vont parfois à l’opposé les uns des autres. C’est cette « indéfinition » qui nous intéresse. Nos pratiques sont donc multiples. Et ce d’autant plus que nos formations on été différentes et que nous avons des activités personnelles en parallèle de la Villa Hermosa (qui s’y intègrent ou pas).

 

Quelle histoire y a-t-il derrière votre duo ? 
PP : C’est sur les bancs de l’ERG [L’école de Recherche Graphique à Bruxelles, NDLR] qu’on s’est rencontrés. Tout est parti d’une complicité et d’une amitié. On a co-loué un appartement durant nos études, rue Villa Hermosa à Bruxelles. Pendant notre collocation, on a commencé à développer des projets scolaires ensemble, et à partager beaucoup de choses culturelles. A l’école, on ne se percevait pas comme des gens feraient ce métier plus tard, alors on s’imaginait encore moins construire quelque chose qui pourrait être défini comme un studio.

Shooting - La Villa Hermosa (4).jpg
Shooting - La Villa Hermosa (21).jpg

Comment votre projet professionnel a-t-il vu le jour ?
PP : Une fois diplômé, Lionel a été engagé par une société de développement et design web. Moi, j’ai d’abord fait un stage dans un petit studio de graphisme, puis j’ai été engagé dans une agence qui avait de plus grands projets. Ensuite, Lionel m’a proposé de répondre ensemble à une commande de site Internet pour Claudine Humblet, une historienne d’art. Son site devait présenter tous les bouquins qu’elle avait écrits, publiés, édités, etc. On a travaillé sur ce projet et on s’est installé dans un atelier. C’est à partir de là qu’on a décidé d’occuper un endroit où travailler à deux. D’autres commandes d’identités visuelles ont suivies sans qu’on démarche, résultant du bouche à oreille. Dans un premier temps, on a fait beaucoup de sites Internet parce qu’on en approchait la conception de manière particulière. C’était principalement des artistes qui nous contactaient. 

Shooting - La Villa Hermosa (46).jpg
C’est important de croire en quelque chose et d’enlever la pression de rentabilité d’un projet pour le préserver et ainsi lui donner toutes les chances d’avoir lieu.
— Pierre-Philippe
Shooting - La Villa Hermosa (42).jpg
Shooting - La Villa Hermosa (40).jpg

Pensez-vous proposer des projets plus susceptibles d’attirer les artistes ?
PP : Nous faisions des sortes de « sites œuvres ». On plongeait dans le travail de l’artiste pour le comprendre un maximum et créer avec lui un dialogue continu : un site Internet qui puisse à la fois transmettre/rendre visible son travail et être un outil qui soit un commentaire sur son travail. C’est là que notre subjectivité intervient : on détermine une forme inspirée par l’univers de l’artiste et par notre façon de l’appréhender. Puis, petit à petit, on a commencé à faire d’autres choses que des sites web ou des identités visuelles comme un générique de film pour des artistes, par exemple. 

 

Prenons l’exemple d’un vos projets en dehors de vos créations de sites web et identités visuelles. Comment né celui pour la marque Café Costume ?
PP : C’est un projet que j’ai réalisé seul. Café Costume cherchait des belges pour réaliser des doublures de vestes de costumes et une exposition de ceux-ci au BOZAR. On m’a proposé d'y participer. J’ai choisi de travailler à partir d’un dessin que j’avais réalisé pour l’exposition organisée à l’ouverture de notre atelier : un dessin A4 au crayon fait à partir d’une photo d’OSB. A partir de ce dessin, j’avais imprimé une série d’affiches. Elles sont encore déposées en tas dans le studio pour que les gens se servent. J'aimais dans ce travail le fait qu’il produise une série de « générations ». Voir ce poster chez des gens que je ne connais pas me donne l'impression de voir un peu de la Villa Hermosa ailleurs. Je trouvais donc intéressant de l’imprimer sur une matière souple comme la soie pour l’intégrer dans un contexte radicalement différent. Aujourd'hui, ces doublures font parties de la collection permanente de Café Costume. 

Shooting - La Villa Hermosa (15).jpg
Shooting - La Villa Hermosa (14).jpg

Vos professions sont vos passions. Comment avez-vous fait pour arriver à en vivre ? Quels conseils donneriez-vous pour atteindre cet objectif ?
PP : On a fait le choix de mettre nos envies et ce en quoi on croyait en priorité. On a donc fait le tri dès le départ. Accepter certains types de demandes en attirent généralement d’autres identiques. C’est important de croire en quelque chose et d’enlever la pression de rentabilité d’un projet pour le préserver, et ainsi, lui donner toutes les chances d’avoir lieu. En outre, sont importants le réseau - qui se construit sur plusieurs années via les relations humaines - et le travail fourni.
L : Je crois beaucoup au fait que les contacts se fassent par le biais du travail produit. Tout ne vient pas juste du networking dans le sens où on l’entend habituellement. Selon moi, il n’y a pas qu’une façon de faire. On peut ne pas être à l’aise dans les relations humaines dans le contexte d'un vernissages et s’en sortir par la qualité de son travail, par exemple.
PP : Il y a une vraie notion de relation dont tenir compte car cet aspect-là est bien plus essentiel que le fait de communiquer sur ce que l’on faite. D’autant plus que la qualité de la relation que l’on met en place avec quelqu’un fera la qualité du boulot, et si tout se passe bien, on travaillera sur le long terme avec cette personne.

Shooting - La Villa Hermosa (44).jpg

Vous êtes tous les deux professeurs à l’ERG. Ressentiez-vous un désir de transmission ?
L : Oui, même si nous ne nous ne destinions pas à enseigner. Pour ma part, j’ai commencé à faire des workshops, des introductions à la programmation rapidement après mes études. C’est ainsi que la notion de transmission m’a plu. On se trouve face à des étudiants qui renouvellent énormément notre propre pratique. En enseignant, si tu parles de choses qui t’intéressent, le retour qui en résulte peut être très enrichissant. Cela nous oblige aussi à clarifier certains aspects de notre travail; ce qui nous permet d’avancer. Toutefois, je ne pense rester enseignant longtemps car cela doit demeurer en dialogue avec une pratique personnelle conséquente, sinon ça n’a pas plus d’intérêt.

Shooting - La Villa Hermosa (1).jpg
Shooting - La Villa Hermosa (48).jpg

Interview : Diane Lemba
Photos :
Gilles Buyck

 

Retrouvez le travail de la Villa Hermosa sur leur site internet et Facebook.

Cette interview a aussi été publiée dans la rubrique Dis-Moi Quoi créée en collaboration avec Alphabeta Magazine. Retrouvez plus d’entretiens Dis-Moi Quoi ici.