HELL’O MONSTERS

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Hell’O Monsters

Arists

 

Hell’O Monsters est un nom intrigant et faussement naïf derrière lequel se cache le duo belges d’artistes plasticiens Antoine DETAILLE & Jérôme MEYNEN. Depuis plus d’une dizaine d’années, ils créent des œuvres communes représentant de petits monstres mis en scène dans des univers tantôt allégoriques, tantôt morbides. Partis du street art, ils se sont construits un véritable univers pictural. Ils ont d'ailleurs exposé chez Agnès b., Alice Gallery ou encore Colette, ainsi que pour bien d'autres galeries internationales. Ils ont aussi fait des collaborations variées avec des marques telles qu'IKEA ou Café Costume.

 
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Fondamentalement, ce qui est intéressant c’est notre capacité à mélanger [nos dessins] pour arriver à nous créer une seule et même identité.
— Jérôme

Qu’elle est l’histoire d’Hell’O Monsters ?
Jérôme
: J’ai fait des études d’infographie et Antoine des études supérieures en arts plastiques. Nos formations scolaires ne nous ont menées où nous en sommes. C'est en faisant du graffiti et par affinité de styles qu'on a commencé à travailler ensemble. À partir de nos [peintures] murales, on a décidé de travailler sur d’autres supports, et d'ainsi trouver quelque chose qui soit plus adapté à des galeries ou, tout du moins, faire un travail un peu plus approfondi. Hell’O Monsters est né.
Antoine : On ne prévoyait pas de commencer une carrière. On a commencé à trois puis quatre, et nous sommes finalement deux.
J : Fondamentalement, ce qui est intéressant c'est notre capacité à mélanger [nos dessins] pour arriver à nous créer une seule et même identité.

 

Cette symbiose a-t- elle été innée, ou avez-vous dû chercher une esthétique commune ?
J
 : Quand tu fais quelque chose seul, tu en connais tous les paramètres. Ce que j’aime dans nos dessins c'est de savoir que je ne maitrise pas tout. D'autant plus qu'on ne se dirige jamais l’un l’autre, au contraire : on se répond. On est dans un dialogue plutôt qu’une composition fermée.
A : Il y a vraiment une notion commune de partage et d’équilibre. On s’additionne. 
J : Au début, on pouvait encore dire qui avait fait quoi, maintenant plus. Par contre, bien que notre style soit commun, on n’a pas toujours les mêmes affinités ni les mêmes points de vues. C’est un peu comme créer un cadavre exquis, rien n’est coordonnée. 

Vos oeuvres ont évoluées du noir et blanc à la couleur ces dernières années. Essayiez-vous de raconter autre chose ?
A : Il est vrai qu’avec le noir et blanc on voit de gentils petits monstres que la technique assombri. Mais, je pense que malgré l'utilisation des couleurs « douces », les sujets restent « peu gentils ». C’est un peu le chemin inverse... On avait utilisé beaucoup de couleurs avant de passer au noir et blanc, mais on les maîtrisait très mal. C’était très acidulé, très pop. Le noir et blanc était plus simple à contrôler (car on venait essentiellement du dessin). Le retour à la couleur s'est fait avec parcimonie. Les premières couleurs étaient très automnales, très dé-saturées : des gris colorés. Maintenant, on commence à avoir nos gammes. Puis, les possibilités sont beaucoup plus grandes ! 

Il faut se poser les bonnes questions et les poser aux personnes qui te proposent un projet.
— Antoine
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Vous connaissez un réel succès qui vous permet de vivre de votre travail artistique. Comment pensez-vous en être arriver là ?
A : Je pense qu’il y a un part de chance et de talent.
J : On a eu très tôt l’opportunités de faire des projets assez conséquents et d’être soutenus par de bonnes personnes. Cela nous a permis de faire une exposition au BOZAR. 

 

Le lancement de votre carrière est donc le résultat d’une rencontre puis d’une opportunité ?
J : Je pense que le fait d’avoir été exposés dans de beaux espaces et d’avoir eu, par conséquent, de belles photos de nos oeuvres nous a amené du travail.
A : La com’ est très importante aussi. Il faut vivre avec son temps et être sur les réseaux sociaux constamment.

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Ce que vous produisez est très diversifié. Comment gérez-vous votre image avec les projets dit « commerciaux » ?
A : Il faut se poser les bonnes questions et les poser aux personnes qui te proposent un projet.
J : Oui, et il faut voir tout cela comme des collaborations. Si quelqu’un nous dit : « J’aimerais collaborer avec Hell’O Monsters et vous avez carte blanche. », il y a souvent de belles choses qui en sortent. 
A : On a aussi la chance d’avoir beaucoup d’appel d’offre pour la vente de nos œuvres originales.
J : Cela reste notre activité principale.

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Quel est votre statut professionnel ?
J : On travaille avec le SMart (La SMart est une organisation - présente dans 8 pays d’Europe – qui apporte des réponses, propose des conseils, des formations et des outils administratifs, juridiques, fiscaux et financiers pour simplifier et légaliser l’activité professionnelle des acteurs du secteur créatif, NDLR). C’est un autre statut [que celui d’indépendant], mais cela reste une sécurité.

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Comment fait-on pour connaître sa valeur sur le marché de l’art ?
J : Beaucoup de gens se dévalorisent. Cela est dû au fait que la situation la plus courante soit que l’on nous dise : « On n’a pas beaucoup d’argent. Mais pour toi, ce projet est une très bonne visibilité. » Maintenant que l'on pas mal de projets, on se permet de refuser certaines propositions : on fixe nos prix, et si cela ne convient pas, ça [la collaboration] ne se fait pas. Il faut valoriser son travail.
A : Certaines personnes sous-entendent que peindre et faire des [peintures] murales n’a pas de valeur, que ce sont des hobbies.
J : ... Et il y a aussi ceux qui prétendent nous faire plaisir en offrant l'opportunité d'un projet avec eux et une visibilité. C'est faux en réalité car ceux qui en profiteront en premier ça sera eux (surtout dans les projets commerciaux). Il est évident qu'une personne mettra de l’argent pour la production. Pourtant on aura dit à l’artiste qu'il n'y avait pas beaucoup d’argent, alors que cela en aura généré.

C’est très intéressant cette prise de conscience de la valeur de son travail, les artistes étant formés pour la création pure et non à cette réflexion.
J : C’est vrai. Mais comme l'expliquait Antoine : nous sommes des enfants d’Internet. Avec toutes les plateformes qui sont à notre disposition, dès le départ, je pense que le rôle de la promotion peut être pris par l’artiste. Avant, le galériste devait te montrer à des collectionneurs. Aujourd'hui, tu as une telle fenêtre ouverte sur le monde avec Internet, que je pense que tout le monde peut s'offrir une visibilité très forte.

 

Interview : Diane LEMBA
Photos : Maurine TOUSSAINT ©

 

Retrouvez le travail d’Hell’O Monsters sur leur site internet, Facebook ou Instagram (ici et ici) .

Cette interview a aussi été publiée dans la rubrique Dis-Moi Quoi créée en collaboration avec Alphabeta Magazine. Retrouvez plus d’entretiens Dis-Moi Quoi ici.