OSKAR

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Oskar

Photography and Art direction

 

Oskar est un duo créatif incarné par Thi-Thi NGUYEN et Arnaud de HARVEN et basé à Bruxelles. Ce couple, à la vision claire et au style très photogénique, a su imposer son univers esthétique avec les années. Ils multiplient aujourd’hui les belles collaborations professionnelles autour de projets aussi variés que la mode, les natures mortes, les portraits...

 
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Qu’est-ce que Oskar ?
Thi-Thi NGUYEN : C’est un duo photographique et créatif. On vient de différents backgrounds. Je travaillais dans la publicité en tant que créatif, copy writer et spécialiste du marketing alternatif et Arnaud était déjà photographe. On a été vivre et travailler au Vietnam pendant trois ans (de 2009 à fin 2012). J’étais dans une agence de pub et Arnaud a commencé à faire des photos en publicité, pour les clients de mon agence. En décidant de revenir en Belgique, on s’est demandé pourquoi ne pas travailler à deux. J’avais fait presque douze ans dans la publicité, j’avais envie de travailler pour moi et j’avais toujours eu des affinités avec la direction artistique. Nos parcours et nos compétences se complétaient. On s’est alors lancé sous le nom Oskar.

 

Pourquoi Oskar ?
TT : Juste parce qu’on visualisait déjà graphiquement le logo, qu’on aime beaucoup les anciens prénoms et leurs univers nostalgiques.

Le démarrage n’a pas été évident. Mais, ce n’était pas un souci parce que je travaillais pour moi et que je m’éclatais. Je m’éclate toujours d’ailleurs.
— Thi-Thi

En créant Oskar, qu’à changé le fait de travailler en couple ?
Arnaud de HARVEN : Pendant les six ans où l’on travaillait séparément, presque tous les soirs, on se racontait nos journées, on se montrait notre travail, on se demandait nos avis respectifs. Le fait de travailler en couple nous a permis d’aménager des horaires plus chargés puisqu’on vivait la même vie : il n’y avait pas de déséquilibre.
TT : Si j’avais avec quelqu’un ne travaillant pas à de tels horaires, je crois que mon couple en aurait souffert.

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Qu’elles sont vos formations ?
TT : J’ai fait journalisme à l’ULB [Université Libre de Bruxelles, NDLR], puis un Master en Gestion des entreprises multimédia à l’université Saint Louis. J’ai ensuite directement postulé auprès d’agences de publicité. J’ai travaillé dans la même agence pendant près de neuf ans.
A : Moi j’ai fait La Cambre. J’ai ensuite bossé comme assistant photo pendant deux, trois ans. Puis, j’ai arrêté pour travailler à mon compte à plein temps.

 

Votre transition vers la création d’Oskar a-t-elle été difficile ?
TT : Pour moi, c’était forcément un grand changement car je gagnais très bien ma vie dans le milieu de la publicité. Le démarrage n’a pas été évident. Mais, ce n’était pas un souci parce que je travaillais pour moi et que je m’éclatais. Je m’éclate toujours d’ailleurs.
A : On avait aussi gardé des contacts avec d’anciens clients. Ainsi, près de quinze jours après notre retour du Viêtnam, on commençait déjà à faire des shootings. Durant les deux premières années, on a travaillé 7 jours/7, 15h par jour.
TT : On a énormément produit. C’est comme ça qu’on a commencé à se faire connaitre dans notre milieu.

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Comment avez-vous fait pour que votre entreprise soit ce qu’elle est aujourd’hui ?
TT : La logique était de beaucoup travailler, de produire beaucoup de visuels pour nous constituer un book. On a ensuite commencé à envoyer le book digital à certaines agences de photographes et c’est comme ça qu’une femme d’une agence parisienne nous a contactés. Ce n’est pas évident de percer dans ce milieu. Depuis qu’on connait cette agent, ce n’est que maintenant qu’elle a réussi à nous introduire dans le cercle fermé des créatifs parisiens, par exemple. Là-bas comme ici, les créatifs ont leurs habitudes et travaillent avec les photographes qu’ils connaissent. C’est d’autant plus difficile qu’on n’est pas sur place. Mais après un travail de fond de deux ans, elle nous a dégoté un job en or chez Dior. Ça valait donc la peine d’attendre.

 

Vous avez donc produit sans rémunération à vos débuts?
TT : C’est pour ça qu’on ne gagnait pas forcément bien notre vie au début. Mais, on avait les éditos mode qui, d’un côté nous permettaient de gagner assez pour financer nos projets ou nos collaborations, et qui d’un autre, nous faisaient connaître.

 

La production serait-elle alors la clé ?
TT : Il faut avoir des choses à montrer, c’est le plus important. Même si on ne gagne rien, il faut d’abord travailler pour son plaisir et se dire qu’on aura de belles images. C’est ça la récompense, finalement.
A : La clé c’est vraiment de faire ce qu’on aime.

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Les clients viennent toujours chez nous après avoir vu ce qu’on a fait. Ils accrochent donc à notre vision.
— Arnaud
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A partie de quel moment vous considériez-vous comme assez légitime que pour demander une rémunération plus conséquenteà vos clients ?
TT : Ça dépend du type de client, je dirais. Au début, on a fait beaucoup de lookbook pour de jeunes créateurs et, forcément, on savait qu’ils n’avaient pas beaucoup d’argent. On leur faisait un prix. Cela nous a permis d’avoir de belles images, et eux, un beau lookbook ; chacun était gagnant. L’idée était de grandir ensemble. On a des clients avec lesquels, saison après saison, on a pu augmenter les budgets. Tout cela fait que, petit à petit, on arrivait à leur proposer de meilleures images. Pour cela il faut plus de temps pour prendre les photos, de meilleurs maquilleurs, de meilleurs mannequins. Par la force des choses, tu as des images qui attirent d’autres clients, dont certains qui ont plus de moyens et avec lesquels tu peux te permettre de demander un tarif plus élevé.
A : La manière dont on a travaillé fonctionnait aussi comme des vases communiquant : au moins on était payé, au plus on voulait de liberté créative : ça devenait des partenariats. Avec les clients qui on plus de budget, on est là pour faire ce qu’ils veulent.

 

Comment vous êtes-vous constitué votre carnet d’adresse ?
TT : Via les collaborations avec les magazines, avec les gens qu’on rencontre lors de nos shootings. Ça s’est fait petit à petit via le bouche à oreille. Tous les gens qu’on croise sont importants.

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Comment avez-vous fait pour garder votre « identité esthétique » ?
A : Notre avantage est d’avoir pu établir certaines choses dans les six premiers mois de notre retour en Belgique. Les clients viennent toujours chez nous après avoir vu ce qu’on a fait. Ils accrochent donc à notre vision.

 

Quel est votre fonctionnement de travail à deux ?
TT : Généralement, on cherche les concepts ensemble, on en discute. Ensuite, Arnaud s’occupe de la photo : tout ce qui est installation, lumières… c’est lui qui le gère. Mais, il me demande mon avis sur la manière dont il a placé la lumière sur  tel ou tel élément du set. On se complète. On discute constamment : lui, est plus technique, et moi, plus direction artistique.
A : La plupart du temps, l’un fait le premier travail de brainstorming et l’autre, va l’affiner. Et c’est l’un ou l’autre en fonction des missions.
TT : Par contre, quand c’est sur des éditos mode, je m’occupe du stylisme et si c’est une nature morte, je m’occupe généralement du set up. Mais Arnaud bricole aussi… 

 

Votre style est reconnaissable. Est-ce délibéré ?
A : Que se soit mode, natures morte, portraits ou pubs (les principaux secteurs où l’on officie), on essaie de travailler de la même manière. Finalement, nos portraits ne sont pas très différents de nos natures mortes, par exemple. On aime travailler ces quatre axes différents. C’est des ambiances de shooting tout à fait différentes et, sur une semaine, ça fait un très chouette équilibre qui fait qu’une journée n’est pas l’autre.

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Comment faites-vous pour ne pas tourner en rond avec un style aussi marqué ?
A : Ce style n’est pas travaillé consciemment. On fait ce qu’on aime et ce qu’on a envie de faire. C’est en regardant notre portfolio, qu’ avec le recule, on s’est rendus compte que tout se tenait.
TT : On essaie de faire quelque chose de différent à chaque fois au niveau du rendu visuel, pour avoir un book varié, tout en gardant ce style qui nous est propre.

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Parlons inspirations maintenant : quel artiste ou exposition vous a particulièrement marqué/touché ?
A : Wang NINGDE. C’est un artiste que nous avons découvert lors d’une exposition à Amsterdam. J’aime beaucoup son travail parce que je n’ai jamais vu quelque chose de semblable avant. C’est une nouvelle application de la photographie qui remet la lumière en avant ainsi que la scénographie. Son travail consiste en des morceaux de plexiglas qui sont imprimés et puis placés à 90 degrés sur le mur, les uns à côté des autres, et qui fonctionnent comme des diapositives, créant ou dévoilant ainsi des images sur le mur par la lumière qui passe à travers ces carrés.
TT : Moi, je me souviens avoir découvert un jour, un court-métrage datant de 1946 (mais achevé 58 ans plus tard) qui m’avait marqué: “Destino”. C’est le fruit d’une collaboration “inattendue” entre Salvador DALI et Walt Disney. Un véritable tableau surréaliste animé. Ce magnifique court-métrage est d'ailleurs un trésor bien caché… Il n’est jamais sorti en salle, n’a été que très rarement projeté. Ce que j’aime justement dans cette très belle réalisation, c’est le fait que ce ne soit plus possible de voir naître de collaborations de ce genre de nos jours. C’est exceptionnel et unique.

 

 

Interview : Diane LEMBA
Photos : Maurine TOUSSAINT©

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Retrouvez le travail de Oskar sur leur site internet, leur compte Instagram, Facebook, Twitter et Behance.

 

Cette interview a aussi été publiée dans la rubrique Dis-Moi Quoi créée en collaboration avec Alphabeta Magazine. Retrouvez plus d’entretiens Dis-Moi Quoi ici.